Avril 2018 : exposition photos de Christian FAUCONNIER

La régionale PAC de Mons-Borinage

en collaboration avec

La Maison des Employés et des Cadres Syndiqués

vous invite à découvrir :

« Vies en transit,

du Parc Maximilien à la jungle de Calais et Lampedusa « 

le jeudi 5 avril à 18h30

Vernissage de l’exposition des photos de Christian FAUCONNIER, rencontre-débat, projection

le mardi 10 avril de 18h30 à 20h30

et le mercredi 18 avril de 14h30 à 16h30

Ateliers d’écriture déambulatoires

Écrire au-delà de la photographie

le jeudi 18 avril à 18h30

Dévernissage avec projection du reportage Maudits Migrés, suivie d’une rencontre-débat.

Présentation et lecture vivante de l’ouvrage D’esquif en Abri, retraçant le parcours de réfugié·e·s.

Présentation de l’exposition

En nous montrant trois campements, le parc Maximilien à Bruxelles, la jungle de Calais et l’île de Lampedusa, l’exposition « Vies en transit » nous invite à les regarder comme un seul et même lieu où se déroulent et s’éprouvent des vies en transit. Simplement, à travers des portraits francs et délicats de personnes, mais aussi d’objets du quotidien et de lieux de vies, Christian Fauconnier nous montre les conditions d’existence dans ces campements d’enfants, de familles, de femmes et d’hommes arrivés depuis l’autre côté de la méditerranée. Il nous montre comment dans ces lieux intermédiaires, ces « situations de frontières », chacun se débrouille dans l’attente d’une vie meilleure. Il nous montre l’importance de l’engagement citoyen et des actions de solidarités menées par les bénévoles au parc Maximilien. Il souligne à travers des images de la « jungle » cet embryon de ville qui parle de la force des hommes à humaniser toute forme de lieux et en cela de leur capacité à normaliser la vie en transit dans les conditions « anormales » du campement.

Pour animer cette exposition, le PAC propose l’animation d’un atelier d’écriture intitulé « écrire au-delà de la photographie ».

Cet atelier invite les participants à questionner les images des campements représentées dans l’exposition et à produire collectivement un récit sur les conditions d’existence des migrants évoluant dans ces lieux de transit.

 

Le photographe

Christian Fauconnier est né à La Louvière le 14 février 1954. Technicien en électromécanique de formation, il est aujourd’hui pensionné et photographe amateur. Il a en outre suivi des études de technicien en photographie, en cours du soir, avec comme professeure Véronique Vercheval (Institut Provincial des Arts et Métiers du centre).

Dans « Vies en transit, du parc Maximilien à la jungle de Calais », tout comme son précédent travail sur les balayeurs de rue et les éboueurs intitulé « les arpenteurs », il questionne la condition des personnes rendues invisibles dans notre espace public, et qui évoluent aux marges de notre société.

Le site du photographe : http://www.christianfauconnier.be/

 

Sa démarche

Lorsque Christian photographie, il ne saisit aucun cliché sans le consentement des personnes. La plupart des portraits réalisés sont plutôt à comprendre comme une forme d’invitation à être photographié dont le sujet décide de la mise en scène. En échange de quoi, Christian, rituellement, remet à la personne photographiée son image qui scelle leur rencontre.

Lorsqu’il entend parler du campement du parc Maximilien, Christian décide en 2015 de s’y rendre, à la rencontre des réfugiés et des bénévoles. Il noue des contacts sur place et s’y rendra jusqu’à son démantèlement, début octobre 2015. Il continue alors son travail photographique en se rendant plusieurs jours dans la jungle de Calais, au cours de l’année 2016. Il se rend finalement sur l’île de Lampedusa en 2017.

Commentaires de Christian Fauconnier sur ses photographies

 

01 – Parc Maximilien. La vie des réfugiés est faite de longues heures d’attente, football et baby-foot permettant de faire passer ces heures un peu plus vite.

 

02 – Calais. L’église éthiopienne a été construite par les réfugiés et était assidûment fréquentée. L’église éthiopienne et sa petite école sont les derniers bâtiments mis au sol et broyés par les pelleteuses après l’expulsion des réfugiés

 

03 – Calais. Le « Kid café » était le lieu de rencontre des adolescents, jeux de cartes, jeux de sociétés et lecture. Un des rares endroits où ils pouvaient manger à l’abri.

 

04 – Calais. Cette camionnette de bénévoles anglais était présente tous les après-midis. Ils faisaient du thé et du café et proposaient aux réfugiés de jouer à des jeux de société.

 

05 – Parc Maximilien. Seul point d’eau disponible au début de l’implantation du camp. Par la suite, la ville installa quatre cabines de douche et autant de sanitaires « pour 800 personnes ».

 

06 – Calais. Les baraquements étaient réalisés à l’aide de matériaux de récupération ou d’éléments fournis par les divers groupes de bénévoles. Vers la fin de la jungle, un contrôle plus sévère fut instauré pour empêcher l’introduction de matériaux.

 

07 – Calais. Des petits magasins ont vu le jour au fur et à mesure de l’agrandissement de la jungle. On pouvait y trouver pas mal de produit, de la carte de GSM aux vêtements.

 

08 – Parc Maximilien. Chaque jour, des vêtements, des chaussures, de la nourriture et des objets de première nécessité étaient apportés par des particuliers. « Ici des chaussures en attente de tri ».

 

09 – Calais. Une demande de photo, un regard, un bonjour et le sempiternel « ça va ? » rares mots de français qu’ils connaissaient. En dehors de la langue de leur pays d’origine, la discussion dans le camp se faisait en anglais.

 

10 – Parc Maximilien. Artistes bénévoles, des notes de musique et une voix d’ange, un grand moment d’émotion qui s’est clôturé par des larmes de joie et des embrassades.

 

11 – Calais. Jeune Afghan qui m’a demandé de le prendre en photo dans sa tente. Je n’ai malheureusement pas pu lui offrir son tirage car, contrairement au parc Maximilien où je venais tous les jours, mes voyages à Calais étaient plus espacés. Quand je suis revenu, il n’était plus là.

 

12 – Parc Maximilien. Café, thé ou douceurs, des instants de partage entre personnes de toutes origines, qui savent qu’on ne quitte pas son chez soi, sa famille ou ses amis pour partir vivre une nouvelle vie ailleurs sans une bonne raison.

 

13 – Bruxelles. Grande manifestation le 27 septembre 2015. 23.000 manifestants défilent avec un seul mot d’ordre « welcome refugees ». Migrer n’est pas un crime, la terre n’appartient à personne elle est notre maison à tous. De tous temps, les êtres humains se sont déplacés.

 

14 – Parc Maximilien. Premier jour et première photo. Celle qui m’a décidé à montrer comment, au cœur de l’Europe, on traitait des êtres humains. Sa seule question, tout en serrant sa petite fille contre elle, a été : « est-ce que je reverrais mon pays un jour ? »

 

15 – Parc Maximilien. Les gosses, quand on les voit courir ou jouer, le sourire aux lèvres, on se pose la question de savoir s’ils se rendent compte de ce qu’il se passe. Le lendemain, je leur ai donné leur photo. Ils ont couru à travers le camp pour la montrer à tout le monde. À la fin de la journée, elle était dans un triste état. À chaque fois qu’on se croisait, c’était des bisous…

 

16 – Parc Maximilien. Vivre sous tente n’a rien d’évident, mais vivre sous tente par temps de pluie, c’est se retrouver avec des vêtements humides et des chaussures boueuses. Il faut alors se débrouiller, profiter d’un rayon de soleil pour les faire sécher.

 

17 – Parc Maximilien. Au Parc il y avait des tentes écoles où des bénévoles donnaient des cours de français et de néerlandais. Une grande partie des réfugiés étaient des assidus.

 

18 – Parc Maximilien. Les sans-papiers se sont également mobilisés. Ils ont construit plusieurs structures à l’aide de palettes.

 

19 – Parc Maximilien. Ce cliché fait suite à ma première photo. Le lendemain, je donnais son portrait à la jeune femme. Elle sourit, me remercie et rentre dans sa tente. Un homme en sort et vient vers moi, et me fait comprendre qu’il voudrait que je le photographie avec ses enfants. Je prends une première photo et je la lui montre. Une dame se trouve à l’arrière, c’est sa belle-mère. Je lui fais signe d’avancer, elle le regarde. Il dit oui et elle vient se placer à côté de lui.

 

20 – Parc Maximilien. Jour de la fête de l’Aïd, fête du partage. De nombreuses associations sont venues installer des barbecues, des tables et des chaises. La viande cuit, le thé passe et les pâtisseries s’entassent. De jeunes femmes dessinent des motifs au henné sur les bras et les mains des petites filles. Les visages rayonnent.

 

21 – Parc Maximilien. Un afghan heureux : on vient de lui couper les cheveux et de lui tailler la barbe. Il a également reçu trois paires de chaussettes. Il me fait signe « good belgium ».

 

22 – Parc Maximilien. GSM, un instrument indispensable pour garder le contact avec la famille et les amis. Ces nouvelles qui aident à garder le moral quand on s’aperçoit que le paradis n’est jamais loin de l’enfer.

 

23 – Parc Maximilien. Élève en dernière année de coiffure à Bruxelles qui venait partager un peu de son temps libre.

 

24 – Parc Maximilien. La dentiste venait chaque semaine.

 

25 – Calais. Banc de la Liberté à Calais.

 

26 – Calais. L’œuvre de Rodin, « les bourgeois de Calais », l’imagination au pouvoir.

 

27 – Calais. Attendre, attendre et prier, mais rien ne bouge, rien ne change. Toujours le même horizon : l’Angleterre.

 

28 – Calais. Au pied des barbelés, la réception est meilleure, mais pas la vue. Il y a comme le sentiment d’être enfermé dans une cage.

 

29 – Calais. Plus de matériaux. La police, à l’entrée, fouille les véhicules et confisquent la moindre planche, le moindre bout de plastique. Il faut alors bien se rabattre sur les branches.

 

30 – Calais. Après la pluie, il faut renforcer les dunes pour éviter la chute des abris.

 

31 – Calais. Cuisine tout confort. Comment peut-on laisser vivre des êtres humains dans de telles conditions ?

 

32 – Calais. Triste choix : vivre sous tente, ou être parqué dans des containers sans fenêtre.

 

33 – Calais. La débrouille est nécessaire. Comme ici, pour faire chauffer de l’eau pour le thé.

 

34 – Lampedusa. Le 25 janvier 2017, une sculpture en marbre blanc de carrare représentant le Christ qui accueille à Lampedusa les réfugiés sauvés des eaux : « La porta aperta della divina misericordia » de l’artiste Mauro Vaccai avait reçu la bénédiction du pape. La sculpture a été installée le 1er juin à côté de la capitainerie du port de l’île. « Nos cœurs, a dit le commandant, l’amiral Melone, sont pleins de douleur, parce que nous sauvons beaucoup de gens, mais nous en perdons malheureusement certains ».

 

35 – Lampedusa. Telles des baleines échouées, les carcasses des navires, après avoir accompli leurs tâches, se reposent dans l’attente de leurs dépeçages.

 

36 – Lampedusa. Telles des baleines échouées, les carcasses des navires, après avoir accompli leurs tâches, se reposent dans l’attente de leurs dépeçages.

 

37 – Lampedusa. Sekou Diallo (Malien), Lodji Amadou Traoré (Malien) et Mamadou Saliou Kolie (Guinéen), m’ont raconté les exactions subies en Libye et leur traversée, ils étaient entassés à 146 dans un de ces bateaux en caoutchouc, la panne de leur moteur et leur sauvetage par le navire d’une ONG allemande. Mais pour 11 de leurs compagnons, ils étaient trop tard.

 

38 – Lampedusa. Dans le cimetière de Lampedusa une place est réservée aux réfugiés morts en mer. De petites croix en bois de navires marquent les emplacements. Triste épilogue à cette quête d’une vie meilleure.

 

39 – Lampedusa. Je suis toujours surpris par le sourire et le fatalisme des jeunes Africains.

 

40 – Lampedusa. Je suis toujours surpris par le sourire et le fatalisme des jeunes Africains.

 

41 – Lampedusa. Dans l’attente d’embarquer sur le ferry qui va les conduire en Sicile, et plus tard sur le continent. Certains resteront en Italie d’autres tenteront de poursuivre leur chemin.

 

42 – Lampedusa. À Vintimille, ils sont des dizaines à dormir sur la plage ou le long de la Roya, épuisés par tout ce qu’ils ont traversé pour arriver là.

 

43 – Lampedusa. Marcher encore et toujours marcher, pour mieux réfléchir au moyen de passer la frontière, ne pas se faire prendre ou c’est le retour à la case départ. Certains ont déjà tenté le passage des dizaines de fois et à chacune de leur tentative ils ont été refoulés.

 

44 – Lampedusa. Pour gagner un peu d’argent, ils sont vendeurs de sacs, de montres, de lunettes et autres babioles, qui rapportent surtout aux fournisseurs de la marchandise.

 

45 – Lampedusa. Morceau de terre perdu entre Afrique et Europe, Lampedusa est au cœur de la crise migratoire. Giusi Nicolini en est le maire ; elle a récemment été récompensée du prix Simone de Beauvoir 2016 pour son engagement auprès des migrants. Depuis que les migrants viennent s’échouer sur l’île, les habitants de Lampedusa ont fait preuve d’une hospitalité remarquable. « La manière dont Lampedusa accueille ces personnes est due au fait qu’il s’agit d’une terre proche de la mer, d’une terre de marins. Mais, aussi parce que […], pour nous, il était clair qu’il ne s’agissait pas d’une calamité naturelle qui est arrivée hier, et qui pourrait passer demain. C’est quelque chose qui va durer, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas arrêter par des menaces […]. Il s’agit de personnes qui n’ont pas d’autre choix, qui défient la mort, […] c’est un exemple d’héroïsme de notre époque ».

 

46 – Lampedusa. À la gare de Vintimille, alors que les contrôles sont nombreux avant et après la frontière avec la France, aux guichets on accepte de vendre des billets de transport.

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